Elisabeth Reynaud auteur et biographe des stars est sur Casting.fr.
Elisabeth Reynaud auteur et biographe des stars est sur Casting.fr.
Bonjour Elisabeth Reynaud, la biographie c’est votre dada, racontez-nous d’où vous vient cette passion pour les femmes d’envergure...On pense à votre livre Sissi l’impératrice, Marie-Antoinette, que de grands parcours…
E.R : Oui, j’ai publié une trentaine d’ouvrages dont la majorité sur des femmes detoutes les époques. Souvent elles étaient très connues, bien que des erreurs ou des injustices à leur égard se perpétuent. Du coup j’ai pris le mord aux dents et j’ai souvent eu l’envie chevillée à la plume de leur rendre leur vérité. D’ailleurs les biographes, que ce soit sur des personnages d’hier ou aujourd’hui, ne sont jamais d’accord. Chacun reprend les événements à sa façon. En particulier sur les femmes et répète ensuite les mêmes erreurs commises à leur égard. Par exemple on a colporté
la rumeur que Marie-Antoinette aurait dit « S’ils n’ont pas de pain, qu’ils mangent de la brioche ». Ce qui est faux puisqu’elle faisait porter aux paysans démunis, de la farine provenant des réserves de Versailles. Quant à Sissi on a raconté qu’elle était anorexique, or elle avait le goût des bonnes choses comme la bière de Munich qu’elle aimait, étant d’ailleurs issue de cette ville. Elle était plutôt végétarienne comme c’est la mode aujourd’hui ! Et faisait des joggings de plusieurs kilomètres chaque jour, épuisant ses pauvres dames de compagnie qui avaient du mal à la suivre !
Comment avez-vous eu l’idée d’écrire sur la vie de Céline Dion, qu’est-ce qui vous fascine en elle ?
E.R : Après avoir écrit sur bon nombre de femmes des siècles passés, j’ai voulu m’attacher à une figure d’aujourd’hui qui ait séduit le monde entier. Pour qu’elle soit plus proche de nous. Quoique chez les femmes de premier plan on retrouve toujours les mêmes grands traits. De combativité, de belle folie, de générosité, de voracité, parfois de grandeur et de cruauté. Souvent aussi, de douleur, comme les vies d’exception en recèlent, tout comme les nôtres. Céline m’est apparue telle une femme au destin incroyable. Partie, selon la formule, du « trou du cul du monde », son petit village de Charlemagne, au fin fond du Québec, et, dernière, d’une fratrie de 14 enfants, elle se hisse au sommet de la gloire planétaire en chantant des chansons mondialement connues, comme celle de Titanic, My heart will go on, ou son hymne à l’amour, écrit par Jean Jacques Goldman, Pour que tu m’aimes encore. Mais cela, après 10 ans d’un travail forcené sur elle-même. En la rencontrant j’ai eu devant moi, un ouragan d’énergie, un charisme fou, un humour à tout épreuve, une attention extrême à tout. Rien ne lui échappe. Et une vraie beauté. Quant à René, son orientale, (il était d’origine libanaise) une force tranquille présente dans son sourire. Il me dit devant Michel Drucker, à Vivement Dimanche où je présentais mon livre, que la partie qu’il avait pu lire lui avait tiré des larmes. Cela me toucha beaucoup.
Ecrire une biographie n’est pas de tout repos, il faut de la rigueur, de la précision...quelles sont vos techniques pour enquêter et rechercher vos informations ?
E.R : Que ce soit Céline Dion ou Sissi, toutes m’ont demandé au moins un à deux ans de documentation. Et parfois plus, comme Marie-Antoinette, Diane de Poitiers ou Niki de Saint Phalle. Il faut chercher, enquêter, recouper les infos, lire entre les lignes, sur papier, sur internet, dans la presse, en français, en anglais. Il faut retrouver ce
qu’elles ont dit sur des années. Ce que les chroniques, correspondances, mémoires, articles, ont révélé sur elles. Mais par bonheur celles dont j’ai fait le portrait parlaient toutes français ce qui m’a facilité les choses. Quant à Thérèse d’Avila, mon premier livre paru chez Fayard en 97, j’ai eu accès à son importante œuvre écrite originale, car
je pratique aussi l’espagnol. C’est d’abord un long travail d’imprégnation, pour écrire ensuite comme un roman. Mais tout est vrai. Toutes les vies sont des romans. Des combats. Et parfois des victoires étonnantes.
Enfant vous rêviez à quoi ? Vous aviez déjà une facilité à écrire ?
E.R : Quand j’étais petite je voulais être archéologue en Egypte ! je voulais retrouver les pharaons ! J’avais 10 ans. Ensuite je voulus être pianiste comme ma grand-mère qui nous assaillait ma sœur et moi, de Chopin, de Mozart et de… Granados ! J’ai commencé à écrire des poèmes à ma mère, à l’âge de douze ans. Un peu ringards, mais pleins d’amour et de ferveur. Puis sur les fleurs et les animaux. Enfin, je voulais être écrivain et faire du théâtre. Et puis comme on m’avait offert la vie de Thérèse de Lisieux pour ma communion, j’ai cru que je voulais entrer au Carmel pour faire comme elle. Mais ça n’a pas duré longtemps car j’ai lu Nietzsche…
A quand votre propre autobiographie ?
E.R : Ah ça c’est drôle que vous me disiez ça ! Car cela fait à peine deux mois que j’ai commencé de relater les 10 années les plus extravagantes de ma vie, durant lesquelles j’ai rencontré un nombre incroyable de gens très connus dans le domaine artistique. Cinéma, théâtre, danse, mode. C’était les années Palace, les années Egoïste. J’allais aux défilés de couture, aux premières de théâtre et de cinéma. Au festival de Cannes. J’étais au cours Florent et au cours Cochet, où je travaillais avec mon amie, Isabelle Huppert et avec tant d’autres qu’on voit partout aujourd’hui. Mais j’ai choisi d’écrire plutôt que jouer. Car il y avait, il y a toujours, je crois, la dictature des metteurs en scène, et je me sentais étouffée par leurs diktats. Diminuée par leurs exigences. Avant de devenir Fanny Ardent ou Carole Bouquet, il y avait tant d’embûches ! J’ai rejoint les grands rôles de femmes, par l’écrit. Et chaque fois que je trace le portrait de l’une d’entre elles, je l’interprète et me glisse dans son personnage de la même façon, me semble-t-il. Avec peut-être encore plus d’intimité.
Vous avez rencontré de nombreuses célébrités, quelle a été votre plus belle rencontre ?
E.R : Oui j’en ai rencontré beaucoup comme je vous le disais. Mais je crois que celle que j’ai le plus adorée est Françoise Sagan qui m’a reçue dans presque tous ses lieux parisiens. Pour un livre d’interviews que je faisais sur l’écriture intitulé Le Sang de L’Ecriture, paru au Rocher. Je le raconte dans le livre que je suis entrain d’écrire. Une
autre rencontre, amoureuse celle-là, est avec un acteur mondialement connu, que je dévoile dans ce livre que j’ai intitulé Hou la la, la vie ! Mais il y en a encore beaucoup d’autres qui m’ont incitée à les raconter, car je m’aperçois avec le recul à quel point elles ont été véritablement hors du commun.
Le confinement s’avère créatif pour vous ou plutôt angoissant ?
E.R : Le confinement se révèle très angoissant pour les deux raisons qui affectent la plupart des gens, à savoir d’abord qu’on ne peut pas vivre sans un lien régulier et effectifs avec les autres. Que ce soit dans les cafés, restaurants, théâtres, musées, expos, cinémas. Où l’on respire l’âme et l’esprit, créatif ou non, de nos semblables. Mais, en chair et en os, et non pas en virtuel. L’homme est d’abord un animal social. L’autre raison qui n’est peut-être pas aussi répandue, est que je ne peux pas, pour ma part, vivre vraiment, sans aller dans les salles de cinéma. Parfois j’en ai une telle fringale, que je peux voir jusqu’à trois films par jour. Or depuis un an, je ne le peux plus, et cela m’affecte énormément. Le confinement engendre un retour sur soi, qui peut être nocif s’il n’est plus « aéré » par la confrontation avec ceux qu’on rencontre en direct. Terrasses, soirées, dîners, pique-niques, en plein air, deviennent
urgentissimes si l’on ne veut pas que le peuple français devienne un peuple de psychopathes !
Un conseil pour nos membres Casting.fr qui aimeraient devenir auteur de livres à succès ?
E.R : Ecrire un livre – en entier, et non pas un début ! – est un énorme travail. Un travail de bagnard. Attaché à sa table pendant des milliers d’heures ! Voilà déjà la première chose. Ensuite, il y faut une profonde déterminationpour ne pas se décourager devant l’ampleur de la tâche. C’est une impressionnante montagne à gravir. Cela vous occupe la tête jour et nuit. Même quand vous vous croyez libre, le livre revient vous « attaquer » par surprise. Il est tout le temps là. Quant à devenir un auteur de livres à succès, si l’on savait la recette, ce serait le rêve ! Ceux qui peuvent bénéficier de publicités très chères comme celles qui envahissent ces temps-ci les panneaux parisiens, se voient donner une vraie chance d’être succesfull mais il y faut encore de nombreux paramètres. Une bonne distribution du livre, des interviews TV ou radio, et last but not least, un texte, qui emporte l’adhésion du public.