Loïc Porteau, Auteur du spectacle Les 3 Cheveux d’Or, nous raconte son métier, entre impératifs, imagination et mise en scène !
Loïc Porteau, Auteur du spectacle Les 3 Cheveux d’Or, nous raconte son métier, entre impératifs, imagination et mise en scène !
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Bonjour Loïc, Vous avez travaillé sur le texte et la mise en scène du spectacle Les Trois Cheveux d’Or, racontez-nous comment avez-vous imaginé cette histoire ?
L.P : Alors déjà je tiens à préciser que Les 3 cheveux d’or est une très libre adaptation du conte « Les 3 cheveux d’or du diable » recueillis par les frères Grimm. Il faut rendre à César ce qui est à César, je n’ai pas inventé l’histoire de base. Par contre je l’ai adaptée théâtralement et je l’ai « enrobée » dans une situation actuelle pour qu’elle soit plus parlante pour le spectateur, qu’il puisse s’identifier facilement aux personnages. J’ai choisi de travailler à partir de ce conte car, outre le fait qu’il soit peut connu, il traite d’un sujet important : la quête de la maturité. C’est le passage vers l’âge adulte et de l’équilibre nécessaire à trouver entre la rationalité et l’affectivité, l’individualisation et la socialisation, le rêve et la réalité. En clair faut-il suivre ses rêves ou sa raison ? Peut être est-ce simplement un juste équilibre à trouver.
Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire une pièce pour enfants ?
L.P : Le théâtre me semble un média culturel important pour la jeunesse. Je travaille le théâtre avec des enfants depuis longtemps et j’ai toujours été fasciné par leurs aptitudes et leur aisance dans cette pratique. C’est un vrai terrain de jeu pour l’imaginaire.
D’ailleurs on utilise le verbe « jouer » pour décrire l’action de pratique de cet art. L’enfant est donc le premier public du théâtre. Les adultes, ensuite, qui continuent de s’y intéresser ne sont que des spectateurs qui ont su préserver l’enfant qui sommeille en eux. Le théâtre est un excellent vecteur pour se « construire » depuis l’enfance. Il permet de faire passer des messages ou des enseignements de manière ludique. J’ai fait le choix, dans la mise en scène, de ne rien cacher.
Tout est à vue. Les acteurs se changent devant les spectateurs. Les décors sont évolutifs, ils se transforment sous les yeux de tous. Sur la base d’une chambre d’enfant, l’armoire devient un moulin ou une barque, le lit une tour ou un trône… On joue avec l’imaginaire. Comme l’enfant le ferait dans sa chambre. L’imaginaire du public est en réalité un acteur essentiel, et l’imaginaire de l’enfant est infini. Mais les adultes y trouvent leur compte également, ils retrouvent la nostalgie de leurs jeux d’enfant.
Mise en scène, écriture... Où puisez-vous votre inspiration ?
L.P : Oh la ! Sur cette réponse je ne pense pas être très original… Je puise mon inspiration dans ce qui m’entoure. Les gens, les situations de vie, les conversations, les souvenirs… Mais aussi la lecture, le cinéma et tous les arts en général.
Vos comédiens, Antoine Boucher, Apolline Martinelli sont absolument formidables... Comment s'est déroulé le casting ?
L.P : C’est vrai qu’ils sont formidables et je suis très heureux de travailler avec eux. C’est un spectacle pour 3 acteurs. Très physique. Les comédiens s’occupent de bouger le décor et se changent à grande vitesse pour interpréter une multitude de rôles. Le casting est composé de 5 acteurs qui alternent selon les dates.
Pour les choisir ça n’a pas été très difficile, je les connaissais tous depuis de nombreuses années pour avoir déjà travailler avec eux sur plusieurs projets. Certains ont même été mes élèves lorsqu’ils étaient plus jeunes. Je les ai choisis car je savais que ça allait coller tout de suite. Nous connaissons nos univers respectifs et notre façon de travailler.
Pour créer ce spectacle j’ai souhaité faire une écriture au plateau. C’est à dire que le spectacle s’est écrit au fur et à mesure des répétitions. Il m’était plus simple de travailler avec des personnes que je connaissais, capables d’accepter rapidement mes pistes et propositions afin de créer avec un maximum d’efficience.
Pour faire face à la pandémie les spectacles se jouent en streaming, racontez-nous, comment vous est venu l'idée d'un tel concept ?
L.P : Pour dire vrai l’idée n’est pas de moi. C’est la proposition du théâtre « Le Funambule Montmartre » dans lequel nous étions programmés avant que le second confinement ne nous freine dans notre élan. L’équipe de ce théâtre se démène en permanence pour garder le lien avec les spectateurs et pour que la culture survive. Elle rivalise d’imagination pour faire en sorte que le spectacle continue durant cette période trouble. Et ceci malgré le fait qu’ils sont également en première ligne de ces lourdes restrictions. Ils continuent de se battre.
C’est une noble quête. Lorsqu’ils m’ont proposé de faire partie de ce nouveau projet de streaming auquel ils avaient pensé, j’ai tout de suite dit oui.
Pensez-vous que le streaming soit l'avenir du spectacle, on se dit que rien ne vaut l'atmosphère d'une salle surtout pour les enfants, qu'en pensez-vous ?
L.P : Non surtout pas ! Ce n’est surement pas l’avenir du théâtre qui dans sa définition est un art vivant. Mais il peut être un très bon complément pour donner envie au spectateur potentiel de se déplacer au théâtre par la suite. Comme à la grande époque de « Au théâtre ce soir » diffusé à la télévision. Cela permet également aux personnes qui n’habitent pas la région ou qui ont du mal à se déplacer de voir un spectacle qu’ils n’auraient sans doute jamais vu. Mais effectivement, rien ne vaudra jamais l’atmosphère d’une salle de théâtre et de voir des acteurs suer sang et eau devant vous. Je dirais donc que ce n’est pas « l’avenir » mais une partie évolutive de son avenir.
Comment avez vous vécu le confinement, créatif ou pas?
L.P : Pas autant que je l’aurais souhaité malheureusement… Beaucoup de personnes m’ont posé la question : « Est-ce que tu en as profité pour écrire ? ». Et bien non. Je sais que cette période a été propice pour beaucoup de monde pour écrire. Ils ont réussi à trouver l’inspiration dans ce climat étrange que nous traversons, mais ce n’est pas mon cas. Je n’ai surtout pas voulu me plonger un peu plus profondément dans les problèmes que nous vivons en en parlant dans une pièce. J’ai préféré me concentrer sur des questions plus pragmatiques pour chercher à comment traverser cette situation.
Comment devient-on Auteur et Metteur en scène, y a-t-il une formation à suivre ?
L.P : Je ne sais pas comment on devient auteur ou metteur en scène. Je n’ai pas choisi ce parcours d’étude particulier pour le devenir. Je sais qu’il en existe. Pour ma part, c’est venu naturellement. J’ai commencé en tant que comédien. Puis un jour j’ai eu une idée de pièce à monter et j’ai embarqué des comédiens dans mon projet et c’était parti. Avec le temps, je me suis passionné de plus en plus pour la mise en scène et j’ai délaissé lentement mon métier de comédien pour m’y consacrer pleinement.
Comment est née l'envie d'écrire pour les enfants?
L.P : Pour l’écriture, c’est venu lors des ateliers théâtre que je dirige. J’avais des idées d’histoires ou des sujets que j’avais envie de traiter que je ne trouvais pas forcément dans la littérature existante. Alors un jour je me suis dit : go ! Ecrire pour les enfants c’est également une manière de communiquer avec eux. C’est l’enfant qui est en moi qui veut leur raconter quelque chose.
Quels conseils donneriez-vous aux membres de Casting.fr, qui aimeraient devenir metteur en scène et écrire un jour des spectacles pour enfants ? Le jeu est-il différent ?
L.P : Houla, je suis nul en conseil et encore une fois je ne vais pas être très original. Mon conseil c’est de foncer. Si tu as envie de le faire fait le. C’est en forgeant qu’on devient forgeron. Je conseillerais aussi de faire ses armes en montant des spectacles d’ateliers théâtre pour trouver son univers et trouver sa liberté dans le travail. Il faut avoir des choses à dire aussi. Faire pour faire ça ne sert à rien. Défendre ses idées et sa vision du monde c’est le plus important dans notre travail. Et si ça ne plait pas à tout le monde, ce n’est pas grave. Plaire à tout le monde c’est ne plaire à personne.