Salomé Léandri, documentaliste nous livre les coulisses d'un métier passionnant !
Salomé Léandri, documentaliste nous livre les coulisses d'un métier passionnant !
Vous êtes documentaliste, pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste votre métier ?
S.L : Le métier de documentaliste regroupe plusieurs intitulés de poste, mon métier documentaliste - recherchiste audiovisuel consiste à rechercher des documents d’archives audiovisuels, iconographiques (photographies, peintures, illustrations) ou bien sonores. En tant que documentaliste nous devons également négocier les droits d’utilisation auprès des détenteurs de ces documents afin de pouvoir les diffuser.
Enfin, il est nécessaire d’établir un budget pour évaluer le coût des archives. Cette recherche est réalisée à la demande de réalisateurs, rédacteurs en chef ou bien journalistes afin d’illustrer des films de fiction, des documentaires ou bien encore des reportages pour la télévision et la radio.
Le documentaliste doit aussi veiller à la préservation des images filmées ou enregistrées lors de tournages ou d’entretiens. Appelées rushes ces vidéos sont collectées à la suite d’une sélection réalisée à l’aide d’un logiciel de montage. Ces documents devenus archives sont ensuite répertoriés grâce à une indexation - description à l’aide de mots clefs - et conservés dans des serveurs désormais numériques.
Cet archivage permet de consulter tous les documents grâce à une base de données. Ces images seront ainsi retrouvées facilement pour permettre une réutilisation pérenne et in fine garantir une valorisation des archives.
Quelles études avez-vous faites ?
S.L : Mes études ne sont pas spécialisées à l’exercice de ce métier. Ayant un Master II d’Histoire et un Master II en Géopolitique je ne me prédestinais pas à devenir documentaliste audiovisuel, profession que je ne connaissais pas. Souhaitant au départ travailler dans le secteur de la diplomatie. Ce parcours m’a cependant permis d’acquérir une solide culture générale et une curiosité insatiable, compétences très utiles pour exercer ce métier car nous sommes invités à travailler sur une multitude de sujets.
Comment vous est venue l'envie d'exercer cette profession plutôt méconnue ?
S.L : Le hasard et la curiosité. J’ai eu l’opportunité de réaliser un stage auprès d’une société de production. C’est au cours de cette expérience que j’ai découvert ce métier et le monde de l’audiovisuel. Par la suite mes activités professionnelles en tant que documentaliste freelance m’ont permis de poursuivre cette découverte et d’apprendre mon métier au fur et à mesure.
Quels sont vos moyens de recherches ?
S.L : Les moyens de recherches sont multiples : Lorsque vous souhaitez diffuser des archives télévisées vous pouvez faire appel à l’INA par exemple. Des sociétés spécialisées proposent également la vente d’archives issues de leurs fonds, les cinémathèques quant à elles regorgent de films qui sont des témoins d’une époque ou bien encore les réseaux sociaux.
J’ai également eu l’occasion de me rendre auprès des Archives municipales de différentes villes. L’essentiel est de toujours demander et obtenir les autorisations des ayants droit afin de pouvoir diffuser des documents, auquel cas vous irez à l’encontre du droit d’auteur.
Comment valoriser une image, la valeur semble si abstraite non ?
S.L : Tout dépend de la signification du mot valoriser, il y a une valeur vénale déterminée en fonction du format de diffusion (cinéma, société de production et journaux télévisés). La rareté et l’ancienneté d’une archive fixent également sa valeur. Enfin une société peut être seule détentrice d’une archive suite à un accord d’exclusivité, elle devient alors inédite. En revanche si on discute de la valeur nostalgique, affective d’une archive ce n’est évidemment pas quantifiable.
Quel projet et donc recherches vous ont jusqu'à lors le plus passionnés ?
S.L : Chaque projet est différent et vous permet de découvrir de nouvelles thématiques mais ce qui est sûr c’est qu’il s’agit d’un travail d’équipe. Notre travail de recherche peut être très différent en fonction des gens avec qui vous collaborez. Toutefois le projet qui m’a pour le moment passionné concerne un documentaire, le réalisateur avec lequel je travaillais avait sa propre méthode de travail, qui consistait à développer son film en fonction des archives que je lui proposais en amont.
Cette collaboration m’a permis de percevoir complètement différemment mon métier, je pouvais être porteuse de propositions et avoir une implication concrète. J’ai en quelque sorte participé à l’écriture d’un film ayant eu l’opportunité de rechercher des images et des informations au-delà de ce qui m’était demandé.
Quelles peuvent être les évolutions de carrière dans votre travail ?
S.L : La place et l’importance des réseaux sociaux aujourd’hui font évoluer ce métier. Un documentaliste travaillant pour des rédactions télévisées est amené à effectuer une veille documentaire afin de trouver des images réalisées par des professionnels ou des anonymes. Le champ de recherche est donc infini. Un documentaliste expérimenté peut devenir responsable d’un service de documentation audiovisuelle.
Quelle est la qualité la plus importante à avoir en temps que documentaliste ?
S.L : Je me permets d’en donner trois : être curieux, méthodique et réactif. Il faut savoir répondre justement et rapidement aux demandes de ses interlocuteurs.
Quel conseil donneriez-vous à nos membres casting.fr qui souhaiteraient devenir documentaliste ?
S.L : Soyez curieux de tout ce qui vous entoure et n’hésitez pas à vous rendre auprès de cinémathèques pour découvrir leurs collections.