Mickael Lipari-Mayer, pianiste d'exception dans la vie comme à la scène
Mickael Lipari-Mayer, pianiste d'exception dans la vie comme à la scène
Casting.fr est parti à la rencontre de Mickael Lipari-Mayer, pianiste talentueux actuellement sur scène dans la lecture musicale de De Profundis intitulée Wilde Chopin. Un spectacle à ne pas manquer au théatre Ranelagh et jusqu'au 9 décembre.
Bonjour Mickael, pouvez-vous vous présenter ?
MLM: Bonjour ! Je suis né à Paris d’une mère franco-hongroise et d’un père sicilien. Je suis musicien et plus précisément pianiste.
Avez-vous toujours eu envie de devenir pianiste ?
MLM: Et bien l’envie m’a prise à mes trois ans après avoir vu un récital de piano à la télévision. J’ai pointé l’écran en disant : « c’est ça que je veux faire ! » Je me souviens que le silence de centaines de personnes pendant et après que le pianiste ait joué me tenait en fascination complète. Mes parents n’ont pas immédiatement donné suite car j’étais trop jeune selon eux, mais à ce qu’on m’a raconté, j’aurais persisté dans mes demandes et vers 5 ans j’ai commencé mes premiers cours. Bien qu’honnêtement, en regardant derrière moi, j’ai l’impression d’avoir toujours voulu devenir pianiste… !
Vous êtes actuellement pianiste dans Wilde Chopin, actuellement au théâtre Ranelagh. Avez-vous suivi une formation ?
MLM: Oui absolument. J’ai commencé le piano avec Pascal Amoyel, et j’ai intégré rapidement le Conservatoire National de Paris à 8 ans en classe aménagées (aujourd’hui appelé CRR). Une fois mon Prix de Conservatoire et mon Bac obtenu à 16 ans je suis parti au Canada où j’ai intégré l’Université de Montréal dans la classe de Dang Thaï Son. Cinq ans plus tard, ma Licence et mon Master en poche je suis parti aux États-Unis étudier avec Stanislav Ioudenitch à Park University et y suis resté quatre ans, obtenant mon Diplôme d’Artiste.
Quels sont les points positifs de votre profession ? Et les négatifs ?
MLM: Ils sont nombreux !... les points positifs bien sûr !
Tout d’abord, plus qu’une profession, être pianiste c’est une mission de vie. Je crois que les sacrifices que requiert un tel engagement demande que l’on soit entièrement versé dans son Art, que ce soit un besoin absolument vital (cela est valable pour n’importe quel artiste qu’il soit danseur, peintre, potier ou ébéniste !). L’Être entier crie le besoin de s’exprimer, de communier, de partager la beauté dont on est le témoin. À moins de ressentir un tel appel à consacrer sa vie à la musique, je ne crois pas que cela soit possible. Alors bien sûr, quand on est sur scène, maître des silences, du son, du souffle d’un public entier, de suspendre le temps, s’émouvoir et émouvoir à en pleurer…et bien il n’y a pas d’expérience plus forte, plus bouleversante. C’est pour ces moments de communion incroyable que nous travaillons.
Mais il y beaucoup d’autre aspects passionnants à ce « métier » : voyager, habiter dans plusieurs pays pour bon nombre d’entre nous, rencontrer tant de personnalités fortes et belles, d’artistes qui comme nous cherchent et cherchent encore, mais aussi se découvrir en permanence, creuser en soi pour pouvoir partager davantage…
Bien sûr cela a ses parts de difficultés. L’exil en a été une grande pour moi. J’ai vécu neuf ans à l’étranger changeant trois fois de pays et quittant le mien très jeune comme beaucoup de mes collègues. Et s’installer dans un nouveau pays est toujours une démarche profonde et intense, et qui demande beaucoup de volonté et d’énergie.
Le travail en est une autre. Bien que ce soit souvent un plaisir inouï, c’est aussi pénible, douloureux, long et fatiguant pour mille raisons que sont la solitude dans le travail, la quantité d’échecs rencontrés ou encore la bravoure que demande le dépassement de soi.
Mais à savoir si cela en vaut la peine, la question ne se pose pas une seule seconde.
Quelle a été votre plus belle expérience en tant que pianiste ?
MLM: Il y en a eu tant. Je ne crois pas que je pourrais en choisir une en particulier.
Un souvenir qui me revient souvent en revanche, me provient de lorsque j’étais jeune étudiant avec Pascal Amoyel. J’étais à un stade très embryonnaire de mon développement artistique. Je sentais beaucoup de choses mais tout n’était qu’une grosse boule informe non apprivoisée. Je me souviens un jour en cours, ressentir quelque chose d’immensément fort en jouant, avoir l’impression de comprendre vraiment ce que signifie faire de la musique, comme si j’avais pénétré dans un formidable territoire presque immaculé. Je me souviens avoir eu l’impression que tout le champ des possibles s’était ouvert. Tout restait à faire, mais j’avais commencé à comprendre où je devais creuser. Ce souvenir est encore très fort aujourd’hui.
Quels conseils pourriez-vous donner à nos membres de Casting.fr qui souhaiteraient se lancer comme vous dans une carrière de pianiste/musicien ?
MLM: Comme je l’ai dit plus haut, un artiste sait au fond de lui-même qu’il n’a pas le choix, il a besoin de faire. C’est presque une question de vie ou de mort (si ce n’est du corps, et bien de l’âme !). Alors ceux qui savent, qu’ils s’accrochent, qu’ils croient corps et âme. Qu’ils aillent à la rencontre des artistes qui les inspirent, qu’ils soient curieux, qu’ils prennent des risques et qu’ils vivent la vie passionnément. Car si la vie n’est pas vécue intensément, qu’y aura-t-il donc à partager ?