"Votre corps me parle" : Rencontre avec Marine Le Clézio, de la danse au one-woman-show

"Votre corps me parle" : Rencontre avec Marine Le Clézio, de la danse au one-woman-show

"Votre corps me parle" : Rencontre avec Marine Le Clézio, de la danse au one-woman-show

Marine Le Clézio, danseuse, chorégraphe et aujourd'hui comédienne, nous invite à une exploration fascinante de notre relation au corps à travers son spectacle "Votre corps me parle". Entre humour et prise de conscience, elle partage son parcours, ses motivations et l'impact qu'elle espère avoir sur son public. Rencontre avec une artiste passionnée et engagée.


Peux-tu te présenter et nous parler de ton spectacle ?

MC: Bonjour, moi, je m'appelle Marine Le Clézio. Mon spectacle s'appelle "Votre corps me parle" et je le joue partout en France, voire même en Suisse. Je le jouerai au Festival d'Avignon en 2025, tous les jours sauf le jeudi. Je passe aussi par Toulouse, Brest, Rennes... Venez voir mon spectacle, vous allez apprendre beaucoup sur ce que votre corps a à vous dire !

Tu as un parcours de danseuse. As-tu toujours voulu danser ?

MC : J'ai toujours voulu danser. Je n’avais pas le droit de m’exprimer. J'étais dans une famille assez stricte, un peu intellectuelle, avec un père très strict, et je n'avais pas le droit d'exprimer les émotions. Ça dérangeait. Comme j'étais une petite fille très volubile et qui bougeait beaucoup, on me demandait de rester tranquille, et la danse était mon moyen d'expression naturellement. J'ai fait une école de danse professionnelle. J'ai voulu transmettre la danse. Pour moi, la danse, c'est la chose la plus merveilleuse qui existe. On s'exprime, on transmet nos émotions, on partage des choses de corps à corps et, justement, à l'époque, je n'aimais pas le théâtre parce qu'il y avait de la parole. Je trouvais que le corps exprimait plus de choses que le fait de rajouter de la parole où l'on est soumis à l'interprétation.

Après toutes ces années que tu as eu en tant que professeur de danse et chorégraphe tu as décidé de monter ton spectacle Votre corps me parle.Qu'est ce qui t'a poussé à passer de la scène de la danse à celle du théâtre?

MC: Je fais tout au feeling, je suis quelqu'un de instinctif, je ne suis pas une cérébrale qui va tout décortiquer. Je me suis dit: j'ai envie de donner mes messages et pour faire passer mes messages, la seule chose que je puisse envisager, c'est de créer un spectacle qui parle de la connexion au corps, parce que chacun a un corps on vit chacun notre corps d'une façon différente et cette société en plus, nous dit à quoi doit ressembler pour se faire accepter. Donc, j'ai écrit au départ un hymne à notre corps en disant qu’on a qu’un corps que c'est bien de vivre dans son corps. Par exemple, quand on dit qu'on habite à paris, moi je dis: non, tu n'habites pas à paris, tu habites dans ton corps et ton corps, lui il habite à paris, le seul endroit où on vit pour notre vie, c’est notre corps. Ça demande de l'honorer, ce corps et le fait de voir des gens complexés à mis cours. Tu vois, “je suis raide, je suis trop grosse, trop maigre”. Je me dis qu'il y a beaucoup de choses à dire pour que chacun se sente heureux dans son corps et accepte son unicité, ses singularités et, en face, une force. Moi, c’est mon combat. 

Qu'est-ce que tu veux que les gens se disent quand ils sortent de ton spectacle ? Est-ce que tu veux qu'ils prennent de nouvelles initiatives ?

MC: J’ai envie qu’ils se sentent beaux en sortant de mon spectacle, qu'ils soient heureux d'être ceux qu'ils sont, fiers d'être singuliers. Nous sommes des pièces uniques. Dans ce sens, le fait d'être heureux dans son corps, ça veut dire kiffer sa vie et arrêter de se saboter en disant qu'on n'est pas assez beau pour aller à tel endroit, pour travailler avec telle personne qu'on trouve plus belle que nous. Chacun a sa valeur, et on doit honorer notre corps, on doit adorer notre valeur.

Complètement. Et je voudrais vraiment... Enfin, moi, vraiment, j'ai deux volontés dans ce spectacle. La première, c'est de faire rire les gens, de les faire sourire. Et la deuxième, c'est de passer par l'inconscient, que des gens se disent : "On n'a qu'un corps, on est unique, et on va kiffer notre vie, elle a raison."

Donc, tu fais ça pour passer par l'inconscient des gens. Quelles sont tes techniques pour les faire comprendre ?

MC: Eh bien, je fais un effet miroir. Je fais des hommes et des femmes : une bombasse, un geek, une obsédée de la balance, un bon vivant, une végane moralisatrice, une addict... Plusieurs personnages. Un obsédé des muscles qui parle de son corps. Comme ça, j'interroge la personne qui est dans le public : Et moi, j'en suis où par rapport à mon corps ? Est-ce que je ressemble à un obsédé de la balance ? Est-ce que je ressemble à celle qui est complètement moralisatrice parce qu’elle a décidé d'être végane ? Ou est-ce que j'ai oublié mon corps, que je suis dans ma tête et que mon corps ne m'intéresse pas du tout ? Est-ce qu'on peut peut-être trouver son propre corps ?

J'interroge chacun sur la place qu'il accorde à son corps. Je voudrais vraiment que la personne parte avec cet éveil de conscience. J'ai envie de... j'ai envie de donner un éveil de conscience. En fait, ça me dépasse. Je suis au service de mon spectacle.

Ce spectacle, tu l'as monté toute seule. C'est assez rare que les gens se lancent là-dedans et veuillent tout faire eux-mêmes. Est-ce que tu as rencontré des défis dans cette création ?

MC : Alors oui, ce n'est pas simple. Curieusement, l'écriture, alors que je pensais que ça allait être le plus dur... Je ne sais pas comment ça s'est passé, mais j'ai écrit en quatre mois. J'ai un comédien qui a juste vérifié si c'était logique ou pas. Il m'a dit : c'est toi qui écris, et je me suis lancée, sans savoir qu'en général, on fait des comedy clubs et qu'après, on valide le spectacle au fur et à mesure.

Moi, je l'ai écrit et je me suis dit : ben, j'y vais. Dans la ville où j'habite, en Bretagne, j'ai fait mon affiche toute seule. J'ai trouvé un photographe, je lui ai dit c'est ça que je veux, et j'y suis allée. J'avais envie de ça. Je me suis dit que mon désir était plus fort que ma peur. Donc, si vous avez des projets, vraiment, dites-vous que si votre désir est fort, prenez votre peur avec vous et allez-y ensemble.

J'ai eu envie d'expérimenter ça et de voir ce que ça donne. C'est un peu mon tempérament aussi : voir les choses, expérimenter.

Le passage de la danse au théâtre a-t-il changé ta manière de vivre la scène ?

MC: La première fois que je suis montée sur scène en tant que comédienne, mon cœur s'est ouvert d’une manière incroyable. Je me suis dit : Waouh, vivre ça, c'est fou ! Le lendemain, j’ai ressenti la même chose. Puis, la troisième fois, à Paris, le directeur du théâtre m'a dit : Je prends votre spectacle. Il y a encore du travail, mais c’est déjà très prometteur. Votre thème est fort, votre univers intéressant.

Mais ce n’est pas du tout la même sensation que celle que j’avais en tant que danseuse.

Danser, pour moi, c’est instinctif. Quand on danse, on est dans sa bulle, dans son expression pure, dans son corps. On n’a pas besoin de parler ni d’interagir directement avec les spectateurs.

En revanche, sur scène, dans un One Woman Show, c’est une autre dynamique. Il faut tout gérer : la voix, le rythme, les changements de costumes, le texte, l'interaction avec le public. Il faut aussi accepter que parfois, le public ne soit pas complètement avec nous, ou au contraire, qu'il déborde et qu’il faille recadrer. Et tout ça, c’est une gestion, un vrai professionnalisme.

Mon spectacle est encore en devenir. Ce n'est pas un format figé, c'est un être vivant qui évolue. Petit à petit, je le peaufine, je cherche à rendre mes messages encore plus percutants, à toucher les spectateurs en plein cœur. J’ai besoin de cartographier ces émotions, de les affiner.

Tu as dirigé une école de danse pendant 24 ans. Quels conseils donnerais-tu aux jeunes danseurs et comédiens ?

MC: Soyez passionnés et authentiques. Ne craignez pas d’être vous-même. Si vous ne plaisez pas à tout le monde, ce n’est pas grave, c’est même normal. Faites tout ce qui est en votre pouvoir. Travaillez, allez jusqu’au bout, remettez-vous en question, mais surtout, ne faites jamais quelque chose que vous ne ressentez pas profondément. Soyez votre propre capitaine.

C'est comment qu'on crée un One Woman Show ?

MC: Eh bien, on a une idée qu'on a envie de faire passer. On a une expérience de vie qui nous amène à se sentir légitime pour servir un projet. L'observation du corps m'a motivée à écrire ce spectacle. On a envie de partager.

Moi, j'ai envie de partager mon expérience. J'ai envie de donner ça au monde. Voilà, dans ma petite nature, j'ai envie d'offrir ça, d'offrir ces trésors que j'ai découverts. Je ne veux pas les garder pour moi, je veux les donner.

Et si ça aide des ados, parce que j'ai des enfants qui viennent, des ados qui viennent, j'ai aussi des personnes plus âgées qui ont simplement envie de rire. Si mon humour leur convient, tant mieux. Et j'ai envie que les gens s’interrogent, qu'ils s'interrogent vraiment. C'est essentiel pour moi. Parce que ce métier est quand même difficile, il faut oser y aller.

Où peut-on voir ton spectacle ?

MC: Venez découvrir Votre corps me parle ! Retrouvez-moi sur Billet Réduc et au festival d'Avignon pour une expérience unique. Là-bas, c'est une véritable folie, un moment inoubliable ! Venez apprendre à écouter les messages que votre corps vous envoie, c'est puissant, surprenant, et ça peut tout changer. Et après le spectacle, si ça vous dit, on peut aller boire un verre ensemble. Je vous attends !

Dates en cours :

Vendredi 14 Mars près de Nantes (Rezé) 
 Samedi 22 Mars à Loudun (Poitiers).
 Vendredi 9 Mai Lannmezan (Toulouse)
 Samedi 30 Mai la cabaret des Artistes en Anjou
 Dimanche 15 juin en Suisse (Fribourg).
Festival Off d'Avignon du 5 au 26 juillet au théâtre le vieux sage à 17H30 relâche le jeudi)
5 et 6 septembre ALBI
 24 Septembre Grenoble....

 

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