“Être musicien aujourd’hui ne se limite pas à chanter ou jouer d’un instrument” : Le grand retour du duo Vilain Coeur, qui dévoile son nouvel EP “Le cimetière des chats”

Après un featuring avec Joey Starr au printemps dernier sur le morceau "D'où je viens", le duo lyonnais revient avec un nouvel EP "Le cimetière des chats", sorti le 15 novembre. À travers cinq titres, Vilain Coeur explore des thématiques actuelles avec une plume affûtée et une ambiance musicale à la fois douce et introspective. Comment travaille-t-on à deux ? Quelles sont leurs inspirations ? Sofi et Cris se livrent en exclusivité à Casting.fr.

Comment est né le duo Vilain Coeur ?

V.C : On s’est rencontrés dans un groupe de rock qui s’appelait Glasgow et dans lequel on était quatre. On écrivait les chansons tous les deux, puis on les travaillait avec les autres membres du groupe. Un jour, on a eu envie de voir à quoi ressemblerait le résultat si on allait au bout des choses à deux. On a commencé à utiliser des machines et à les mélanger à des arrangements plus organiques. On a trouvé une vraie forme de liberté dans ce fonctionnement. On a donc décidé de s’assumer en tant que duo en démarrant Vilain Coeur. 

Pourquoi avoir choisi le nom “Vilain Coeur” ?

V.C : Nous cherchions un nom qui capture la dualité de l'être humain, sans que cela sonne pour autant trop sérieux. On a tous un cœur qui bat, mais il reste capable du meilleur comme du pire. Cette ambivalence nous fascine et elle est au centre de nos chansons. 

Comment définiriez-vous votre univers musical ?

V.C : On aborde des thématiques parfois très profondes ou préoccupantes, mais sur une musique plutôt pop et solaire. Encore une fois, on aime jouer avec les contrastes. C’est aussi comme ça qu’on est dans la vie. On se pose énormément de questions sur beaucoup de sujets, ce qui peut parfois nous rendre un peu sombres ou pessimistes sur l’avenir de l’humanité. Mais on aime aussi particulièrement s’amuser et profiter de la vie. Comme quoi, les deux postures sont loin d’être incompatibles.

La musique se fait à deux chez vous. Quel est le rôle de chacun ?

V.C : Généralement, Sofi amène la première impulsion en composant un piano ou guitare/voix, avec une mélodie en “yaourt”. Cris prend ensuite le relai en écrivant les paroles. Quand on est satisfait du résultat à cette étape, on décide d’amener la chanson plus loin en travaillant les arrangements. Cris se charge plutôt des programmations rythmiques et Sofi cherche du côté des instruments mélodiques et harmoniques, notamment les guitares et les claviers.

Parlez-nous de votre nouvel EP Le cimetière des chats.

V.C : Il réunit 5 chansons, qu’on a pris le temps de sélectionner parmi un plus large panel parce qu’on trouvait qu’elles faisaient sens aussi ensemble. On y aborde entre autres la santé mentale, l’état de la planète ou les mystères du monde animal, toujours sur des mélodies entêtantes et une musique pleine de relief. Pour le visuel, on a fait appel à Téo Jaffre, un photographe qui adore les idées décalées. On l’a convaincu de réaliser une pochette sur fond bleu entourés d’une trentaine de chats. Le shooting a été épique et il valait mieux ne pas être allergique aux poils. Mais le résultat est plein de détails et hyper esthétique. On trouve que ça colle parfaitement aux chansons.

Parmi les cinq titres, on retrouve votre collaboration avec JoeyStarr sur le titre "D’où je viens". Comment s’est faite la connexion ?

V.C : En écrivant les paroles de la chanson, on a senti que le final devait monter en puissance, avec une interprétation chargée et intense. Or, qui de mieux que JoeyStarr pour incarner cette dramaturgie et cette urgence ? L’univers l’a mis sur notre chemin quelques semaines plus tard. On a eu la chance de le rencontrer dans un tout autre contexte et on a pu lui proposer ce featuring. Ça a pris un peu de temps à se mettre en place, mais à partir du moment où il a accepté, tout s’est passé de façon très fluide. Que ce soit en studio ou sur le tournage du clip, il a été très généreux artistiquement et humainement.

On ressent un véritable amour pour les mots dans vos chansons. Comment trouvez-vous l’inspiration ?

V.C : Elle vient en observant le monde autour de nous. Rien n’est plus fascinant que de regarder vivre la nature ou les autres humains. On aime aussi chercher des angles un peu inattendus. Par exemple, "Petit Coeur de Pétrole" parle d’écologie et de l’héritage peu glorieux que l’homme est en train de laisser sur la planète. Mais on a choisi le prisme d’un petit morceau de plastique égaré entre terre et mer pour raconter cette histoire. On considère qu’on peut aborder des thématiques très sérieuses avec poésie, sans pour autant tomber dans le côté contestataire. À chacun ensuite d’en tirer sa propre réflexion.

L’EP se nomme Le cimetière des chats, qui fait référence à l'une des chansons qui s’y trouve. Pourquoi avoir choisi ce titre ?

V.C : La chanson "Le cimetière des chats" est un hommage à nos amis félins disparus, mais pas que. C’est aussi une allégorie du processus de reconstruction après un deuil ou une épreuve. Cet EP représente justement un nouvel élan pour nous. Comme beaucoup de monde, on a traversé des moments difficiles ces dernières années, sans trop savoir si on aurait la possibilité de refaire de la musique. Mais on a fini par rebondir. En ce sens, notre nouvel EP a un petit côté félin et ce titre lui allait bien. 

Avec la sortie de votre nouvel EP, avez-vous d’autres projets à venir ?

V.C : On devrait faire pas mal de concerts en 2025, pour partager et faire voyager les titres de cet EP. Et comme on aime les collaborations un peu surprenantes, on travaille actuellement avec un spécialiste du monde ludique pour décliner le dessin animé "Le cimetière des chats", en jeu de cartes. On a récemment pu tester la mécanique et c’est vraiment très fun.

Un conseil à donner à nos membres de Casting.fr qui se lancent dans la musique ?

V.C : Il faut avoir conscience qu’être musicien aujourd’hui ne se limite pas à chanter ou jouer d’un instrument. Un artiste doit aussi savoir se prendre en main sur un certain nombre de sujets, comme la communication, la recherche de budgets, le booking… Dans le milieu, on parle d’ailleurs de plus en plus du statut "d’artiste-entrepreneur". Sans perdre de vue l’objectif premier qui doit rester celui de faire de la musique, il ne faut donc pas avoir peur d’acquérir d’autres compétences et de revêtir plusieurs casquettes pour faire avancer son projet. Mais c’est encore plus gratifiant quand les résultats sont là.

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