Écriture, castings et mise en scène : Comment aborder la GPA avec humour au théâtre ? Le défi de Nicolas Huan et Jérémy Boutier, comédiens et metteurs en scène de “Recherche mère porteuse”
Écriture, castings et mise en scène : Comment aborder la GPA avec humour au théâtre ? Le défi de Nicolas Huan et Jérémy Boutier, comédiens et metteurs en scène de “Recherche mère porteuse”
Recherche mère porteuse est LA comédie du moment à découvrir au Mélo d’Amélie. À l’initiative de cette pièce aussi drôle que subtilement engagée, deux comédiens, Nicolas Huan et Jérémy Boutier, que nous avons rencontrés lors d’un casting organisé par Casting.fr. Écriture, mise en scène et bien sûr castings... Vous saurez tout sur leur nouvelle création artistique !
Recherche mère porteuse est votre nouvelle pièce, actuellement jouée au Mélo d'Amélie. Pourriez-vous nous en dire un peu plus ?
Recherche mère porteuse est une comédie moderne qui plonge le spectateur au cœur des dynamiques familiales contemporaines, explorant avec humour et tendresse les défis que rencontrent Gabriel et Léo, un couple homosexuel déterminé à fonder une famille dans une société où les conventions et les préjugés persistent. Au centre de cette histoire se trouve la quête désespérée de Gabriel et Léo de réaliser leur rêve ultime : devenir parents. Confrontés aux obstacles bureaucratiques et sociaux liés à l'adoption et à la coparentalité, ils se tournent vers la gestation pour autrui (GPA) comme ultime solution. Ce choix les confronte non seulement à leurs propres préoccupations et angoisses, mais également à l'opposition de la société et à la désapprobation potentielle de leurs proches.
Vous jouez les rôles de Gabriel et Léo. Vous partagez la scène avec deux autres personnages féminins, interprétés par Sophie de Lannoy et Emilie Favre-Bertin. Qui sont ces femmes ?
Le personnage de Clara incarne à la fois l'espoir et l'incertitude qui accompagnent le processus de sélection d'une mère porteuse. Sa présence dans la vie de Gabriel et Léo ouvre la voie à des réflexions profondes sur le sens de la parentalité, la nature de la famille et les limites de l'amour inconditionnel. L'entrée en scène inattendue de Catherine, la mère de Gabriel, ajoute une dimension supplémentaire à l'intrigue. Son ignorance de l'homosexualité de son fils ajoute une couche de complexité et de tension à des relations familiales déjà tumultueuses. À travers son personnage, la pièce aborde avec sensibilité le processus souvent difficile du coming out et ses répercussions sur les liens familiaux.
La pièce aborde des sujets de société dont on parle beaucoup en ce moment. Quelle était votre intention en traitant de la GPA, de la parentalité, l’homosexualité… ?
En explorant ces thèmes universels à travers le prisme de l'humour et de la comédie, Recherche mère porteuse invite le public à réfléchir sur la diversité des formes que peut prendre la parentalité, ainsi que sur les valeurs fondamentales de tolérance, d'acceptation et d'amour. Cette pièce aspire à divertir, mais aussi à émouvoir et à inspirer. En fin de compte, elle célèbre le pouvoir de l'amour et de la détermination à surmonter les obstacles, à créer des liens indestructibles et à redéfinir les frontières de ce que signifie être une famille dans le monde moderne.
Qu’est-ce qui vous a inspiré pour l’écriture de cette pièce ?
Ce projet est né de notre réflexion sur les difficultés à devenir parent. Au départ, il s'agissait simplement de discussions avec nos amis, familles et collègues sur la difficulté, voire l'impossibilité, d'avoir des enfants. Nous avons réalisé que cela touchait énormément de personnes et que le sujet restait assez tabou. Ce besoin de parentalité est un rêve profond et, heureusement, il existe des solutions médicales qui peuvent aider les couples, sauf quand on est deux hommes, en France, cela reste, tout simplement, impossible.
Une fois que vous avez trouvé l'idée générale de la pièce, quel a été le processus de création ?
Nous venons tous les deux de l’improvisation. On a besoin de créer de la matière, de donner vie à nos idées. Notre processus est toujours le même. Après avoir échangé sur nos idées, on commence à s’imaginer l’histoire avec un début, un milieu et une fin, puis on passe au jeu en improvisant. On crée des personnages, leurs quêtes, c'est-à-dire leurs objectifs personnels, ainsi que leurs obstacles. Ensuite, on prend des notes, puis on recommence ce processus autant de fois que possible pour avoir suffisamment de matière. Par la suite, on se penche sur les dialogues, toujours en jouant.
En combien de temps l'avez-vous écrite ?
La première version a été écrite en sept jours, mais pour avoir un produit fini il nous a fallu six mois. En réalité, ce n’est jamais fini puisqu’on modifie la pièce au fur et à mesure des représentations.
Vous avez écrit la pièce en binôme. Comment vous êtes-vous réparti le travail ?
On se retrouve autour d'un bon café. On a écrit environ 90 % de la pièce ensemble, en improvisant. Ensuite, chacun retravaille de son côté, puis on se lit mutuellement nos versions. Quand on travaille à deux, il faut savoir faire des concessions, un peu comme dans un couple. En général, on tombe vite d'accord sur l'écriture des personnages et de l'intrigue. Ensuite, vient l’étape des punchlines et des vannes, où nos échanges ressemblent souvent à ça :
- “C’est pas ouf cette punch !
- Mais si c’est drôle mec !
- Non, je t’assure !”
À ce stade, on la teste en improvisation. Puis arrive la magie du live, où la spontanéité sublime le tout et nous mène parfois à encore mieux. Bref, on se lance dans un véritable battle d'idées pour ne conserver que la crème de la crème.
Avez-vous mis du temps à trouver les acteurs pour interpréter les rôles ?
Non, ça à été assez rapide. Sur quatre personnages, on en joue deux, Léo et Gabriel. Puis pour les deux rôles féminins, Clara, la mère porteuse, et Catherine, la maman de Gabriel, on avait déjà pensé à des comédiennes durant le processus d’écriture. On leur à envoyé la pièce par mail à 9h28, et à 11h37, elles étaient à fond sur le projet. Par la suite, on a voulu doubler tous les rôles. Pour le coup on souhaitait rencontrer de nouveaux talents, donc organisé un casting avec Casting.fr. Encore merci à vous !
Merci à vous pour la confiance ! Comment s'est déroulé ce casting au Salon des Miroirs ?
Très bien. Le lieu était incroyable. C’est agréable de travailler dans ces conditions, que ce soit pour nous deux, mais surtout pour les comédiens car le lieu est galvanisant et met en valeur leur performance. On a eu de la chance d’avoir beaucoup de candidatures. Les comédiens avaient beaucoup de talents. Le choix n’était pas si simple.
Qu'est-ce qui vous a paru le plus important dans le choix du casting pour les rôles de vos personnages ?
Il y a plusieurs facteurs de choix. L’aspect humain est pour nous une priorité, car il faut sentir que la personne matche parfaitement avec le reste de l’équipe pour qu’elle puisse s’intégrer facilement. On recherche de la bienveillance et de la joie chez la personne. Il doit se passer quelque chose, un feeling. Ensuite, on se concentre sur ce qu’elle dégage, son énergie, son charisme, puis on termine par le jeu. Recherche mère porteuse est une comédie très rythmée qui va à cent à l’heure. Cela demande d’avoir beaucoup d’énergie corporelle et vocale, de comprendre le rythme d’une comédie, de savoir jouer les silences, les regards, les expressions du visage, d’avoir une bonne diction, de savoir nuancer son jeu en termes d’émotion, d’énergie, de rupture, et de savoir appuyer un mot, une phrase, pour obtenir les rires du public.
Vous êtes vous-mêmes comédiens. Une anecdote de casting à nous raconter ?
Nico : J’avais passé un casting pour jouer dans une grosse comédie. Je reçois mon texte, je le bosse comme un malade pour être au top. Le jour J, j’arrive dans ce magnifique théâtre parisien, le metteur en scène me pose des questions, puis m’invite à monter sur scène et à jouer avec les vrais décors ainsi que la comédienne officielle. On commence à jouer et là, on me dit : “Stop ! Ce n'est pas ça, le texte !”. On reprend, et à nouveau, j’entends : “Stop ! Ce n'est pas ça, le texte, Nico, merde !” Je lui dis que si, c’est bien le texte. On me demande alors de jouer un autre passage de la pièce. Je commence à jouer : “STOP ! Tu fais trop d'erreurs de texte ! Ça ne va pas le faire !”. Je descends de scène, j’ouvre mon sac à dos, je prends le texte en main et je dis au metteur en scène : “Si si, c’est bien le texte, regardez !” Il me regarde, prend le texte, le lit et me demande qui m’a envoyé ce texte. Je lui réponds : “Vous !”. Il sort de la salle et revient dix minutes plus tard, me regarde et me dit qu’il m’a envoyé une ancienne version. Il s’excuse et me dit que ça ne sert à rien de continuer avec l’ancien texte et me propose de revenir la semaine suivante. Entre temps, il avait recruté ses comédiens, et je me suis dit : “C’est le destin, autre chose m’attend ailleurs.” Et me voilà avec Recherche mère porteuse.
Jey : Quant à moi, c’est plus une anecdote de tournage. J’avais été sélectionné sur un casting pub car j’étais à l’aise en impro. Puis arrive le jour du tournage, on tourne, et finalement, on m’annonce que ce sera du texte, mais que rien n’est écrit. What ? Ok, je vais poser sur le papier mon impro et me voilà à écrire mes textes le jour du tournage et à les faire valider par le client et le réalisateur. C’était un peu perturbant, mais j’ai compris que c’était une façon pour eux d’être rassurés (et de ne pas payer de rédacteur). Heureusement, j’étais très bien payé.
Un conseil à donner aux membres de Casting.fr qui se lancent dans les castings ?
Croyez en vous plus que tout. N’attendez pas la validation de votre talent par d’autres personnes, surtout celles que vous estimez. Il faut connaître votre valeur. Soyez patient. On devient maître en pratiquant, alors pratiquez votre art sous toutes ses formes. Quand rien ne se passe, n’attendez pas : créez du mouvement, écrivez des idées, des textes, des scénarios, du contenu vidéo. Formez-vous à de nouvelles techniques, participez à des stages, rencontrez du monde qui gravite dans l'artistique.
On vous fait gagner des places pour découvrir Recherche mère porteuse ! Pour plus d'informations, cliquez ici.