“À 3 ans et demi, j’ai su que je voulais faire ce métier” : L’humoriste Vincent Seroussi répond à nos questions à l'occasion de son nouveau spectacle “Bien élevé”

“À 3 ans et demi, j’ai su que je voulais faire ce métier” : L’humoriste Vincent Seroussi répond à nos questions à l'occasion de son nouveau spectacle “Bien élevé”

“À 3 ans et demi, j’ai su que je voulais faire ce métier” : L’humoriste Vincent Seroussi répond à nos questions à l'occasion de son nouveau spectacle “Bien élevé”

Depuis son plus jeune âge, Vincent Seroussi a un objectif : devenir humoriste. Bercé par les plus grands de sa génération, il a décidé de tenter sa chance. À travers cette interview, il nous partage son histoire, sa vision de l'humour et ses précieux conseils pour vous motiver à réaliser votre rêve à votre tour.

Bonjour Vincent Seroussi. Vous avez été inspiré par les plus grandes figures de l'humour. À quel moment avez-vous décidé de tenter votre chance ?

V.S : J’ai toujours voulu tenter ma chance ! À 3 ans et demi, j’ai su que je voulais faire ce métier. J’ai juste eu à attendre le bon moment pour me lancer. Assez tôt, vers l’âge de 8 ans, j’ai demandé à ma mère de m’inscrire à des castings pour le cinéma parce qu’au travers de tous les films que je regardais, je voyais qu’il y avait des enfants dans les films et je me disais donc que, déjà, à mon âge, c’était possible de devenir comédien. Mes parents m’ont toujours soutenu dans mes projets. Ce sont d’ailleurs eux qui, très tôt, m’ont inscrit à des cours de théâtre. Mais avant, ils souhaitaient que je termine mes études parce qu’on ne sait jamais. C’est donc après mes études universitaires, lorsque j’ai été “libéré” de toutes ces “obligations”, que j’ai décidé de me lancer. À la minute où j’ai eu mon diplôme en poche, j’ai passé l’audition pour le Conservatoire du 11e arrondissement de Paris et j’ai commencé à enchaîner les castings et jouer dans des scènes ouvertes.

Vous souvenez-vous de votre premier passage sur scène ?

V.S : J’ai un premier souvenir d’un passage sur scène quand j’avais 7 ans, dans le cadre de mes cours de théâtre. La première fois que je suis monté sur scène pour faire du stand-up, c’était en janvier 2017. J’étais encore à l’université, mais j’avais tellement envie d’essayer avant de me lancer véritablement que j’ai envoyé un message sur la page Facebook du Paname Art Café pour y faire un passage de stand-up. Il devait y avoir 6 personnes dans la salle. Ce n’était pas si mal ! Je me sentais à ma place et certaines vannes ont fonctionné. Je me rendais surtout compte que ce n’était pas comme une pièce de théâtre. Je ne jouais pas de personnages, c’était mes vannes, dites par moi-même, sans couverture. C’était une superbe expérience, même si j’ai attendu, par la suite, la fin de mes études pour me lancer pleinement. 

Comment trouvez-vous l'inspiration pour vos sketches ?

V.S : C’est sans doute l’une des choses les plus difficiles. Comme beaucoup d’humoristes, je suis obsédé par l’idée de trouver des blagues et des histoires drôles au quotidien. Ma vie se transforme donc en une sorte de spectacle permanent où mon cerveau analyse chaque moment en se demandant si telle ou telle situation peut se transformer en sketch. En général, les idées de sketches ou de blagues viennent quand on y pense ou que l’on est en train de faire autre chose. Je note donc tout sur mon téléphone, à chaque fois qu’une idée passe, pour pouvoir revenir dessus plus tard et la retravailler dans l’optique d’écrire un sketch. Je m’inspire donc de toutes les péripéties qui peuvent m’arriver dans la vie. L’actualité, parfois drôle, peut aussi être une source d’inspiration et plus généralement tous les phénomènes de société qui nous entourent et qui m’interloquent ou qui me donnent envie d’en parler sur scène. Je passe aussi du temps devant mon ordinateur, avec une ou deux idées en tête et j’écris encore et encore, sans trop réfléchir, pour voir où ces idées vont me mener. Tous mes doutes, mon entourage, ma famille, mes névroses, mes incompréhensions, sont des sources d’inspiration.

Comment décririez-vous votre style d’humour à quelqu'un qui ne vous connaît pas encore ?

V.S : C’est toujours une question difficile pour moi parce que j’essaie toujours d’aborder des sujets différents, sous des angles différents. J’essaie toujours d’être un peu corrosif et d’avoir du fond dans tout ce que je dis (et bien sûr, je n’y arrive pas toujours). J’aime bien être un peu piquant et aborder certains sujets délicats. J’aime aussi parler du quotidien de la vie, jouer avec les expressions du visage et changer ma voix. Je suis un mélange de tout cela.

Y a-t-il déjà eu des moments de malaise lors d’un spectacle, ou un sketch qui ne fonctionne pas comme vous le souhaiteriez ? Comment gérez-vous ces moments-là ?

V.S : Bien sûr. Cela fait même partie du métier. Si vous connaissez un humoriste qui n’a jamais bidé, présentez-le moi. Le bide fait partie du métier. Je pense qu’il faut avoir ces moments où l’on tente des nouveautés, où l’on se met en danger pour se découvrir un peu plus sur scène et voir jusqu’où le public peut nous suivre. Si l’on ne prend pas de risque sur scène, on n’avance pas. Je ne sais pas si on peut parler de malaise puisque si vous avez un spectacle, c’est que, normalement, tous les sketches fonctionnent au moins correctement. Mais parfois, vous n’êtes pas dans la bonne énergie, le public ne suit pas, ou bien le texte est très frais, vous avez voulu tenter un nouveau sketch, mais ça ne prend pas. Dans ces cas-là, j’aime bien parler directement au public pour crever l’abcès et pour que justement, il n’y ait pas de malaise. Plus généralement, si je vois que ça ne prend pas, je passe rapidement à un autre sketch. 

Pensez-vous qu’il y a une limite à l'humour ? Peut-on rire de tout ?

V.S : La fameuse question ! Je pense que c’est toujours pareil : oui, on peut rire de tout. On doit même rire de tout. Mais tout dépend du public que vous avez en face de vous. C’est le public qui fixe les limites. Si vous faites de l’humour noir et que le public est mort de rire, vous n’allez pas aller leur expliquer qu’ils n’ont pas le droit de rire. Ils ne peuvent même pas le contrôler, c’est quelque chose de naturel. Si on commence à contrôler le rire des gens et ce sur quoi on a le droit de rire ou pas, on s’oriente vers une société bien triste. La seule limite à laquelle je pense, ce serait si, éventuellement, les propos d’un humoriste tombent clairement sous le coup de la loi (racisme avéré etc…). Mais même là, il faudrait pouvoir clairement le déterminer. Dans tous les cas, il faut rire autant que l’on peut. C’est trop bon ! 

On vous a vu cette année dans de nombreux festivals. D’ailleurs on vous retrouvera dans le Gard le 20 et 21 septembre au Festival de Méjannes le Clap. Que vous apporte le fait de participer à tous ces festivals de jeunes talents ?

V.S : Je suis ravi et très honoré de participer au Festival de Méjannes le Clap. Je n’en n’ai entendu que de très bons retours et beaucoup d’humoristes m’ont dit que c’était un super festival avec un public et une équipe au top. Je suis très impatient d’y participer. Les festivals sont de très belles expériences. Cela permet aux humoristes de jouer ailleurs que dans leur ville, de se confronter à un autre public, de jouer souvent dans des grandes salles, de rencontrer d’autres humoristes mais aussi des pros. C’est aussi très inspirant de rencontrer des personnes que l’on n’a pas l’habitude de voir, d’autres régions, d’autres cultures. C’est aussi du matériel pour la scène. Et dans un métier comme celui d’humoriste, où la solitude est assez présente, ça fait du bien de se retrouver dans une ambiance de fête, avec, très souvent, un très bon accueil, des équipes et des bénévoles adorables et une ambiance chaleureuse et conviviale.

Parlez-nous de votre spectacle “Bien élevé”, à retrouver très prochainement au Point-Virgule

V.S : Je suis toujours en train de le roder donc la trame n’est pas définitive. Je parle de moi, c’est mon spectacle aussi. De mon parcours, de ma famille, de mes péripéties quotidiennes. Je parle de mes rencards, j’essaie de donner ma vision de la société actuelle, notamment sur la politique ou bien tous les derniers bouleversements que l’on a connu comme les nouvelles technologies, le féminisme, notre rapport au travail…  

Avez-vous déjà passé des castings ? Si oui, avez-vous une anecdote à nous partager ?

V.S : Oui, beaucoup de castings. Pas le choix. Je n’ai pas d’anecdotes croustillantes, mais une fois, j’ai passé un casting pour une publicité et j’entendais la directrice de casting parler au comédien qui passait avant moi… Elle le félicitait, lui demandait son nom sur les réseaux sociaux et lui posait des questions sur sa carrière. Quand vint mon tour pour passer le casting, rien ne semblait aller dans ce que je faisais, on me reprenait toutes les secondes, je ne comprenais même pas pourquoi. Et à la fin du casting, on ne m’a ni demandé mes réseaux sociaux, ni posé des questions sur ma carrière. Je me suis dit « Tiens, je pense que je ne vais pas être pris… » !

Un conseil pour les membres de Casting.fr qui souhaitent se lancer dans l’humour ?

V.S : J’aurais 20.000 conseils à donner. Si c’est vraiment ce que vous voulez faire, ne lâchez jamais, même dans les pires moments. Faites preuve d’une grande auto-discipline, écrivez et jouez autant que vous le pouvez, faites-vous un planning d’écriture, prenez des risques sur scène, soyez poli et respectueux avec les gens du milieu et bien sûr, si vous sentez que c’est votre truc, ne laissez jamais personne vous dire que vous n’êtes pas fait pour ça.

Retrouvez toutes nos annonces de casting ici

Crédit photo : Cloé Harent.