"Il faut avoir la niaque et foncer" : Véronique Bandelier, metteur en scène du spectacle "Le Roi Lion" au Théâtre Mogador, vous dévoile les secrets du casting de la comédie musicale à succès
"Il faut avoir la niaque et foncer" : Véronique Bandelier, metteur en scène du spectacle "Le Roi Lion" au Théâtre Mogador, vous dévoile les secrets du casting de la comédie musicale à succès
"Le Roi Lion" à Mogador, c'est plus de dix ans de succès et un public toujours aussi conquis par l'histoire et les majestueux décors. Derrière ce spectacle, de talentueux artistes et une équipe artistique de choc assurent la pérennité du show pour émerveiller petits et grands. Un travail titanesque qui nécessite beaucoup de travail et de professionnalisme. Notre équipe est partie à la rencontre de Véronique Bandelier, grande habituée du Théâtre Mogador. Depuis 2007, elle exerce le rôle de metteure en scène résidente. Partez à la découverte de ce métier fascinant et plongez dans les coulisses du "Roi Lion" comme vous ne l'avez jamais vu !
Véronique Bandelier vous êtes une grande habituée du Théâtre Mogador. Vous avez travaillé pour « Grease » et bien sûr de l’immense succès « Le Roi Lion ». Vous en êtes d’ailleurs la metteur en scène résidente. En quoi cela consiste ?
V.B : Le metteur en scène résident travaille en association avec le metteur en scène associé, c’est-à-dire soit les créateurs soit les metteurs en scène associés, qui viennent au théâtre pour monter le spectacle. Je suis avec eux dès le début des auditions pour le casting. Je suis le relai culturel pour la France. Je dis relai culturel parce que monter « Le Roi Lion » en France et au Japon, c’est différent. Ce n’est pas la même culture, les mêmes façons de jouer, les mêmes approches artistiques. Avec les artistes et les équipes techniques, nous travaillons ensemble sur l’adaptation française, notamment le texte et l’humour. Une première adaptation sort avant le début des répétitions. On la travaille avec les artistes. Avec le chorégraphe résident Giovanni Napoli et le directeur musical et chef d’orchestre Dominique Trottein, nous formons un trio, un peu comme les Trois Mousquetaires [rires]. Pour chaque rôle, chaque danseur et chaque chanteur, il y a la personne principale et 2 personnes dans l’ensemble qui apprennent le rôle et qui peuvent venir remplacer. C’est une manière de former très Broadway et West End. Cela permet de jouer le spectacle 7 à 8 fois par semaine même s’il y a des absents. On gère les absents, les malades, s’il faut rajouter des répétitions. C’est un véritable accompagnement artistique pendant toute la durée du spectacle.
Pourquoi dit-on « résident » ? Quelle est la différence avec un metteur en scène « classique » ?
V.B : Julie Taymor a créé le spectacle et je suis son relai artistique. Anthony Lyn, son metteur en scène associé, est venu monter le spectacle au départ. Pour les quelques derniers jours, Julie Taymor est venue à Paris. Elle nous donne son ADN, c’est elle la créatrice.
Parlez-nous de votre parcours artistique.
V.B : J’ai commencé par la danse. J’ai aussi fait du piano. Plus jeune, j’aimais tous les arts. J’ai toujours aimé chanter, mais le chant est venu plus tard. Je suis quelqu’un de très curieuse et j’aime bien explorer. C’est un peu ce que j’ai fait. J’ai pris des cours à la MGC dans ma petite ville du nord de la France. Je suis entrée au conservatoire de danse tout en continuant le piano à côté. Je faisais aussi de l’athlétisme. J’ai un parcours assez éclectique. Après des études d’histoire de l’art à la fac, j’ai eu l’opportunité de partir au conservatoire de San Francisco. Arrivée là-bas, j’ai suivi des cours de danse et de chant. À mon retour à Paris, j’ai été engagée dans un théâtre à Dijon. J’ai ensuite passé des auditions, jusqu’à celle pour « Hello Dolly!». C’était vraiment ce que je voulais faire. J’ai une histoire assez particulière avec le Théâtre Mogador. J’ai commencé à y travailler en 1994. À Lyon, au Théâtre des Célestins, j’ai rencontré deux artistes avec lesquels on a monté notre spectacle en trio. Pendant dix ans, nous avons tourné notre spectacle dans toute la France. Je suis sortie du circuit de la comédie musicale « classique » jusqu’à un appel pour être metteur en scène résidente pour les enfants à Mogador en 2007 pour « Le Roi Lion ». J’ai dit oui, et j’y suis toujours !
« Le Roi Lion » à Mogador, un succès qui n’en finit pas ! Comment expliquez-vous cet engouement ?
V.B : Julie Taymor a réalisé une création théâtrale très artistique et poétique. Elle a réussi à transposer tout ce qui était dans le film sur scène avec une vraie réflexion de metteur en scène et de créatrice. Elle a vraiment cherché comment retranscrire ce qu’on retrouve sur un écran de cinéma. Elle a beaucoup été influencée par le théâtre de marionnettes de l’Indonésie et de Bali. Ça fonctionne très bien avec le comédien qui joue l’animal et ce travail de masques où l’on voit le comédien. Elle a une dénomination assez jolie qu’elle nomme “Humanimals”, un mélange entre l’humain et l’animal. Et puis l’histoire ! Le parcours initiatique de ce jeune Simba parle à tout le monde. On a tous un parcours initiatique à réaliser dans nos vies. Ça vient toucher tous les gens, des enfants aux plus âgés. Ça parle du cycle de la vie et de la mort, et de notre objectif sur Terre. C’est universel et ça parle à tout le monde. Ce spectacle a une énergie, une force, une puissance, mais en même temps une délicatesse et une émotion.
Vous assistez également aux auditions du « Roi Lion ». Au-delà des critères physiques et des aptitudes vocales, que recherchez-vous chez les participants ?
V.B : Ce que dégage l’artiste, qui il est. On recherche des danseurs très complets. Ce qui est recherché est très spécifique. Pour les chanteurs, il faut des voix très puissantes. C’est aussi une énergie. Ce sont des lions et des lionnes, donc on ne va pas chercher des gens qui pourraient jouer une tortue [rires]. Il faut avoir la niaque et foncer. Ce sont des artistes, des êtres humains avec chacun leur unicité. Il faut réussir à créer ce groupe avec chaque individu. C’est difficile de prendre une décision, mais il faut vraiment se demander ce qu’on recherche. C’est un choix humain. Un metteur en scène ferait des choix qu’un autre ne ferait peut-être pas. Ce n’est pas seulement lié à la qualité, c’est aussi une rencontre, un partage.
Vous travaillez avec des comédiens adultes mais aussi des enfants. Comment parvenez-vous à travailler avec plusieurs générations ? Est-ce plus difficile avec les enfants ?
V.B : Ce n’est pas plus difficile, au contraire. Les enfants se lancent, foncent et n’ont peur de rien. Certains sont plus timides, mais ils ont une spontanéité plus difficile à retrouver chez les adultes. Il faut juste les encadrer, leur apprendre à placer leur voix et mémoriser. C’est un gros travail de concentration car ils sont jeunes, ils n’ont qu’entre 9 et 11 ans. Les enfants sont à l’écoute des adultes et les adultes à l’écoute des enfants. C’est formidable !
Quel conseil donneriez-vous à tous les membres de Casting.fr qui passent des castings ?
V.B : Il faut toujours bien préparer son audition pour être prêt à être soi sur le moment présent. Certaines fois, on se projette sur un rôle et on se dit “il y a moi d’un côté, et le rôle de l’autre”. Sauf qu’à un moment, le rôle vient à nous et nous, on va vers le rôle. C’est une rencontre, un chemin à faire dans les deux sens. C’est important de voir qui est l’artiste qui va interpréter le rôle d’une manière complètement différente de la personne venue avant ou après. À partir de là, on voit qui est la personne. Même si elle n’est pas proche du rôle, on peut envisager un axe de travail. C’est justement pour cela qu’on fait plusieurs tours. Entre les différents tours, je coach les artistes pour leur expliquer en profondeur le contexte de la scène et le personnage. On va plus dans la psychologie du personnage, on approfondi qui il est.
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